Parlons Mobilité, 21/01/2021
Emploi des séniors, une situation paradoxale en France
Taux d'activité et comment stimuler l'emploi des séniors
Pendant la période de la réforme des retraites, l'emploi des personnes âgées était au cœur de l'attention de la France. En effet, par rapport aux autres pays développés, le taux d'emploi des personnes âgées en France est faible. Cependant, si une espérance de vie plus longue est prise en compte, les personnes âgées devraient être appelées à travailler plus longtemps. C'est pourquoi un rapport visant à promouvoir l'emploi des personnes âgées a été soumis au gouvernement le 14 janvier 2020. Quels sont les taux d'activité des seniors en France et en Europe ? Quelles sont les recommandations de ce rapport ?
Un taux d’activité des séniors en France considéré comme le plus faible des pays développés
Cette situation est très paradoxale car les séniors devront travailler de plus en plus longtemps.
- Dans toute la France
Bien que les personnes âgées soient de plus en plus présentes sur le marché du travail et travaillent de plus en plus ces dernières années, il leur est difficile de continuer à travailler. En effet, le taux d'activité diminue avec l'âge : près de 70% des personnes ayant 62 ans et plus sont inactives et 13% n'ont pas encore pris leur retraite.
De nombreuses personnes âgées connaissent une période de chômage avant la retraite. En 2019, la proportion de chômage de longue durée chez les personnes âgées de 55 ans et plus était de 34%, contre 22% en 2003. Leur durée moyenne de chômage au deuxième trimestre de 2018 était de 673 jours, tandis que la durée de chômage était de 388 jours pour tous les chômeurs. Pour les personnes âgées de 50 à 64 ans, la probabilité de retrouver un emploi est de 15%, contre 28% pour les jeunes âgés de 15 à 24 ans et 23% pour les personnes ayant entre 25 à 49 ans. Lorsqu'ils retrouvent un emploi, ce sont généralement des contrats de courte durée et éphémères.
Selon les statistiques d'Eurostat et de l'OCDE, le taux d'emploi des personnes ayant entre 60 à 64 ans est de 69,9% en Suède, 46,6% dans l'Union Européenne et seulement 31% en France.
Selon un rapport d’étude « The Workforce view in Europe », environ plus d’un tiers des séniors français considèrent avoir été discriminés sur leur lieu de travail du fait de leur âge. Selon le baromètre des défenseurs des droits humains et l'Organisation internationale du travail (OIT), 82% des employés du secteur public (89% des demandeurs d'emploi) pensent qu’avoir 55 ans et plus est un facteur de discrimination pour l’embauche. En effet, les séniors sont confrontés à beaucoup de préjugés lors de leur embauche et les entreprises hésitent souvent à recruter des employés séniors dès lors qu’ils ont 45 ans et plus.
Voici les préjugés fréquents :
- Difficile à manager et à intégrer des jeunes équipes,
- Coûts salariaux plus élevés,
- Résistance au changement,
- Mauvaise adaptation à l’innovation et aux nouvelles technologies,
- Surdimensionné pour le projet proposé etc.
- Un changement de politique devient nécessaire pour l’emploi des séniors
La cour des comptes a jugé que la politique de l'emploi des personnes âgées n'était pas efficace jusqu'à présent. Elle a averti d’un « risque de précarité » et sur « un coût croissant pour la solidarité » pour les personnes âgées de 50 ans et plus qui sont exclus du marché du travail.
« La réforme des retraites ne pourra pas se faire sans une véritable politique en faveur de l’emploi des seniors », selon l’association Solidarités Nouvelles face au chômage. Cette association a rédigé un rapport qui mentionnait spécifiquement le manque de soutien des séniors en deuxième partie de leur carrière avec des possibilités de formation très limitées et même l'usage de la rupture conventionnelle comme pré-retraite.
Suggestions pour stimuler l’emploi des séniors
Le rapport visant à promouvoir l'emploi des personnes âgées qui a été soumis au gouvernement le 14 janvier 2020 propose 38 suggestions développées autour de 5 axes :
- Mise en place des enjeux du vieillissement au sein des politiques de prévention et de santé au travail
- Amélioration de la prévention afin d’éviter l’érosion professionnelle
- Développement des compétences pour la deuxième partie de la carrière des séniors et mettre en avant le partage des savoirs
- Simplification des mobilités internes et des transitions professionnelles
- Mise en avant de la transition entre l’emploi et la retraite
- Amélioration de la vision des séniors au sein d’une entreprise
Voici des exemples de suggestions proposées par le rapport :
- Pour la prévention : « stimuler l’investissement de l’entreprise en prévention en initiant des programmes d’innovation technologique éligibles au crédit d’impôt recherche ».
- L’employé pourrait demander un aménagement dans la limite du raisonnable de son temps de travail en fonction de ses besoins et contraintes personnelles.
- Mettre en place un bilan de compétences gratuit pour les employés expérimentés.
- Accroître et rendre plus attractif l’utilisation du cumul emploi-retraite et permettre aux sommes prélevées sur les revenus d’avoir des droits à la retraite.